dimanche 12 juillet 2009

Manger ses émotions et manger une volée


Quelques réflexions d'un samedi pluvieux. Pour les gens qui ont lu l'ensemble de mon blog, celles-ci seront un peu redondantes. Je ne m'en excuse pas , ma prise en charge est essentiellement un exercice de redondance et je suis un être de redondance. C'est peut être aussi pour cela que je suis si à l'aise sur les montagnes: elles sont des bêtes d'habitude et de routine.


Quand on y pense, grimper une haute montagne est une journée d'effort soutenu...répétée 20 fois de suite et une journée de sommet n'est que le même pas, répété 18 000 fois. Dans mon existence j'ai donc un moment charnière qui se situe il y a une dizaine d'années suivi d'une longue marche dans une direction générale qui a été adaptée en fonction du terrain sur lequel je progressais.


C'est dire que prendre son ou ses problèmes en charge constitue un engagement que, quelque part, on recommence tous les matins. Existe-t-il un point où l'on peut dire que l'on est arrivé quelque part, que le chemin est terminé? Je ne crois pas ou, du moins, je n'y suis pas encore parvenu. Au point de vue de l'engagement envers moi-même, c'est un éternel recommencement, tous les jours.


Quand on se prend en mains on ne change pas le monde, on ne se change pas soi-même, on change sa propre capacité de faire face au monde et sa propre perception de cette capacité. On n'efface ni ne change le passé, on l'apprivoise et on l'accepte. Aussi merdique soit-il, il fait partie de soi. Il nous appartient d'en faire une base, une inspiration, un tremplin etc qui nous permettra d'aller plus loin. Je crois, non je sais, que mon obésité m'a donné l'apprentissage et la motivation de devenir un meilleur homme. Je le dis bien sincèrement: « Dieu merci j'ai été obèse, j'aurais aussi bien pu rater ma vie! ».


Mais pour cela j'ai accepté mon passé et pris conscience de mes peurs et de mes angoisses, j'ai appris à vivre avec mes doutes. Ma petite « voix » intérieur qui doutait, certains de mes instincts destructeurs, sont toujours là. J'ai les mêmes peurs, les mêmes angoisses et le monstre qui se cachait sous mon lit quand j'étais enfant si terre toujours (Sauf que, maintenant, c'est lui qui a peur de moi:).


Ce qui a changé essentiellement c'est que, confronté aux mêmes choix qu'autrefois, je les fais maintenant en me basant sur mes désirs sincères et mes valeurs plutôt que sur mes peurs. Je rencontre encore aujourd'hui les mêmes émotions que je gérais autrefois à grandes assiettes, sauf que maintenant j'y répond autrement. Je rencontre les mêmes frustrations et les mêmes revers qu'autrefois, je dirais même que, bizarrement, j'en souffre peut-être plus qu'autrefois. Autrefois je fuyais et je m'engourdissait pour en ressentir le moins possible, aujourd'hui j'accueille cette souffrance comme une occasion de grandir. Comprenez-moi bien: je ne recherche pas la douleur et la frustration du tout, mais l'anticipation de cette douleur ne me fait plus peur et ne m'empêche pas d'agir.

Quand j'entreprends de grimper une montagne, je sais très bien que je vais souffrir, et parfois souffrir énormément, mais je sais que si je dois dépasser cette souffrance, lui faire face, pour atteindre mon but. Mon choix et mes pas sont guidés alors par le désir du succès et non par l'anticipation de la souffrance.


La même chose s'applique à ma vie de tous les jours; mes choix ne sont pas dénués de souffrances et de claques que je prends en pleine gueule. J'ai, tous les jours, le goût de fuir devant des difficultés qui m'apparaissent immenses et insurmontables et parfois encore je le fais. Mais, la plupart du temps, je suis incapable de le faire parce que cela ne correspond plus à ce que je suis. Mais, tous les jours je suis confronté, malgré tout, à mes doutes et à mes angoisses et, tous les jours je dois m'assurer de garder le cap, c'est un éternel recommencement. Mais si mes choix restent guidées par mes désirs sincères et mes valeurs je ne me tromperai jamais, je souffrirai peut-être, ce sera difficile parfois assurément, mais je ne me tromperai pas.


Je ne sais pas si vous me suivez?


Je l'espère. Enfin, pour résumer, vous savez la différence essentielle entre le moi d' il y a 10 ans et le moi de maintenant? Peu de choses, la principale étant que si maintenant je sais que je vais manger des claques sur la gueule, je sais aussi que celle qui va me mettre KO n'a pas encore été inventée.

Bon, vous m'excuserez, j'ai un monstre sous le lit auquel je dois aller sacrer une volée.