dimanche 15 novembre 2009

Les faux sommets


Quand on fait de la montagne, on apprend rapidement à connaître un phénomène extrêment frustrant: les anté sommets (de anté, avant) ou, si vous préférez, les faux sommets. C'est tout simplement que, quand on grimpe, souvent on pense approcher du sommet, l'avoir à porté de la main, ou du pied, être sur le point de l'atteindre, pour découvrir que ce n'était qu'une butte et que le vrai sommet est plus loin, et encore, ce n'est peut-être qu'une butte là-aussi.

Ça peut affreusement être décourageant et l'expérience n'y fait rien. On pourrait croire qu'un grimpeur expérimenté ne se laisserait plus aller à l'illusion que le sommet est proche. Mais il n'en est rien. On veut y croire, votre corps au complet veut y croire, vos sens veulent y croire. Alors, vous avez beau savoir, quand vous constatez que le sommet n'est pas là, ça vous scie les jambes et il faut redoubler de volonté pour poursuivre vers le véritable sommet.

Je compare mon année qui se termine à une succession de faux sommets. Dans plein de domaines: professionnel et affectif, j'ai cru, j'ai voulu croire, que j'avais atteint un sommet, un objectif, qu'après tant d'années, je touchais enfin au but. Quand j'ai constaté que mon fabuleux sommet n'était finalement qu'un vulgaire button, j'ai vraiment déchanté et reprendre la route n'a vraiment pas été facile, mais je crois que j'y arrive tranquillement.

Ceux qui ont lu mon blogue depuis le début savent mon problème de peau abondante que je considère comme les cicatrices nobles de mon combat contre l'obésité. Et bien j'ai décidé tout dernièrement que j'avais terminé ce combat contre l'obésité, que j'avais vaincu cette obésité chaque jour de ma vie depuis maintenant plus de 10 ans, que je n'avais, là-dessus, plus rien à prouver, plus rien à me prouver. Pour marquer la fin de cette guerre, mardi, j'ai rendez-vous avec un chirurgien plasticien afin de faire évaluer le travail et, en resdescendant de ma montagne, je me ferai retirer ce surplus de peau. Je ne suis plus en guerre, je n'ai pas besoin d'uniforme.

C'est certain qu'aucune opération ne me donnera un corps d'Appolon. J'aurai toujours un ensemble assez spectaculaire de cicatrices, mais je ne me reconnais plus dans ce vêtement de peau trop grand. Je ne referai pas le passé, mais j'améliorererai l'avenir.

Voilà, je vais continuer vers un autre sommet et j'aurai certainement encore pas mal de déceptions et de faux sommets, mais, dans deux semaines, en allant vers ma montagne en Argentine, j'irai retrouver l'essentiel: moi. Car on ne peut faire de la montagne si on ne sait pas, quelque part, retrouver son essence.


2 commentaires:

Unknown a dit…

Bravo!

Je vous souhaite un beau voyage et surtout une bon retour ou un nouveau sommet vous attend...

Tania a dit…

Bravo!
J'ai adoré te lire... J'ai vécu l'antipode... Trouble alimentaire… La maigreur… Et j’ai vaincu…

Le 8 octobre 2008 j’ai écris…
L’anorexie s’est effacée de mon reflet dans le miroir, mais quand je regarde au fond de mon âme, je peux encore la voir. Tan...

Au plaisir,

Tan