jeudi 11 août 2011

Trouvez-moi une cause!

Il y a quelques années, j’ai organisé plusieurs expéditions/levées de fonds, j’ai participé à certaines et à d’autres je n’ai fait que servir de consultant. J’avais abandonné ce secteur parce que j’étais un peu écoeuré des impératifs financiers qui prenaient le pas sur les impératifs de sécurité ou tout simplement de plaisir.

Je n’ai jamais cru que l’on devait absolument accepter n’importe qui parce qu’une personne rapportait de l’argent à la cause. La sécurité d’un groupe en montagne demande plus de discrimination et de jugement que ça. De plus, mon but à toujours été également de fournir une expérience agréable aux participants afin que ceux-ci poursuivent dans la même voie par la suite. Je voulais favoriser quelque’un rapporte moins, mais qui raportera plus souvent, que quelqu’un qui rapporte plus et ne fera plus rien par la suite. Bref, j’ai préféré mettre mes qualités d’organisateurs au service de mes objectifs personnels et de ceux de mes amis.

Cependant, le goût de l’organisation de groupe me démange. De plus, c’est un domaine où je suis, excusez la prétention, très compétent. Au cours des années j’ai aussi développer un réseau de contacts un peu partout dans le monde extrêmement pratique pour obtenir les meilleurs prix.

Donc, voici ce que je vous propose: j’ai besoin que vous m’orientiez vers des causes qui vous tiennent à coeur, ou des organismes qui pourraient bénéficier de mon aide pour organiser des expéditions/levée de fonds. Vous conaissez un organisme qui veux organiser un trek de 10 jours en Islande pour une levée de fonds? Je suis votre homme. Une expédition à l’Aconcagua? (j’y ai organisé le plus grand groupe à ce jour avec le plus haut taux de succès). Indiquez-moi quoi et je m’engage à aller, dans les prochains mois, présenter des projets à ces organismes et/ou causes.

Enfin, en janvier 2013 je retournerai vers la mopntagne (en Argentine, le Tupungato) et, celle-là, je m’engage aussi à le faire au bénéfice d’une cause. Laquelle? J’attends vos suggestions.

jeudi 16 juin 2011

3 ans déjà

Il y a trois ans aujourd’hui, j’étais sur un glacier en Alaska, au camp de base du Denalii (McKinley) et je m'apprêtais a conquérir le plus haut sommet de l’Amérique du Nord.
Je le répète très souvent, mais cette montagne représente vraiment une conquête unique dans ma vie. Ce ne fut pas la plus haute, ce ne fut pas la première et , bien sûr, pas la dernière. Mais ce fut la plus difficile et sûrement la plus exaltante.
Dans un commentaire précédent on me demandait si le sommet n’est pas un lieu surévalué. Bien sur l’atteinte du sommet en soit n’est qu’une anecdote au milieu d’une bien plus longue aventure, un lieu effectivement de peu d’émotions. Il faut avoir de l’énergie pour connaître l’émotion et disons qu’au sommet il en reste peu. Mais le sommet en montagne, contrairement à bien des choses dans la vie, est un objectif simple et clair. Un point unique vers lequel tous les efforts tendent pendant deux ou trois semaines. Le désir, dans sa plus plus simple expression et c’est certain que l’émotion du sommet, c’est pour l’après, c’est suite à la prise de conscience du chemin accomplis. On ne prend toute la mesure du sommet qu’a partir du moment ou on cesse de regarder en en avant et que l’on regarde vers l’arrière, vers le chemin parcouru. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra en prendre toute la mesure. Un sommet, ça se gagne avec le coeur, mais ça s’apprécie avec l’esprit.

mardi 31 mai 2011

Retrouver le sentier

Ça fait longtemps, et certains s’en sont plains, merci. Mais me revoilà de retour au clavier. Je tente de retrouver mes repères et, finalement, ce blogue en est peut-être un. En montagne,on dit qua’teindre le sommet n’est que la moitié du chemin, que la descente est toujours le moment le plus dangereux et c’est bien vrai .

Je suivais dernièrement la saison de grimpe au McKinley (qui bât son plein présentement) et je notais que l’on compte actuellement 5 morts pour cette année et plusieurs blessés graves. Tous dans des accidents survenus à la descente, notamment sur l’authobann, la dernière descente avant le camp d’altitude. Un endroit terrible et dangereux car on l’atteint à la fin de plus de 12 heures d’épreuves, dans un état d’épuisement si intense que je crois parfois, même trois ans après, que je n’en ai pas tout à fait récupéré. Alors, du haut de cette traverse dangereuse, on voit tout au bout notre tente qui nous attend, notre sac de couchage si moelleux et on se fout parfois un peu trop du danger et le repos qui nous attends au bas de la pente est parfois le repos éternel.

Parfois aussi on se perd en descendant, c’est arrivé à un grimpeur cette année, il s’est égaré à la descente et est mort de froid. Se perdre en montant est difficile, tout pointe vers un même point minuscule au sommet, se perdre à la descente est très facile; l’univers est devant nous et, si on n’y prête pas suffisamment attention, on se retouve parfois sur des pentes dangereuses, dans des cul-de-sacs, bref, dans la merde. À partir de ce moment que peut-on faire ? Essentiellement deux choses: soit poursuivre à tâtons et tenter de retrouver sa voie plus bas en risquant ainsi de poursuivre dans l’erreur, ou bien tenter de revenir sur ses pas jusqu’au lieu de l’erreur, jusqu’au lieu du mauvais choix et corriger l’erreur. Mais parfois cette deuxième option n’est pas possible, on est allé trop loin, retourner en arrière deviendrait pire, il nous reste alors l’inconnu, vu que le connu nous est inaccessible.

Si, dans la vie de tous les jours, chacun avait le choix de refaire un bout du parcours à l’envers afin de retrouver le carrefour manqué, le sentier sur lequel on aurait du s’engager, je crois que peu de gens hésiteraient à le faire. Mais trop souvent le choix erroné nous a mené vers un autre choix qui nous mené vers un autre choix et ainsi de suite, beaucoup trop en avant pour revenir en arrière. Nous sommes condamnés à tenter de retrouver nos repères en allant vers l’inconnu, au risque de s’enfoncer encore plus.

J’ai connu un sommet extraordinaire il y a deux, trois ans. Justement, revenant du McKinley où j’ai touché le sommet le jour de mon 42ème anniversaire (tout une montagne, tout un défi), j’ai connu une année de prospérité incroyable: professionnellement, personnellement, name it, tout allait si bien. Un sommet innégalé . Et puis vint la descente, et la fatigue.

Je ne sais pas exactement où j’ai perdu mes repères, mais durant la descente je me suis perdu un peu, mais parfois un léger écart au début vous fait manquer le camp de base par des kilomètres. J’en ai marché une shot pour essayer de retrouver mon sentier, avec, dans le processus, bien d’autres erreurs qui me donneront l’occasion d’exprimer bien d’autres regrets. Parfois j’ai cru avoir trouvé, souvent je me suis trompé. J’ai trouvé des trésors que j’ai bien failli dilapider, j’ai gagné des ennemis et perdu des amis. Bref, le gars a une job à faire. Et pour commencer, redémarrer ce blogue et retourner vers une rencontre avec moi-même via l’exile et la sueur.

Je quitterai donc à la fin du mois pour l’Islande pour faire un trek de volcan en volcan. Pas de montagne vraiment en vue pour moi cette fois-ci, mais ça ne veut pas dire que, quelque part, ce n’est pas le début de la voie pour le retour vers la clarté et la simplicité du sommet.

vendredi 1 octobre 2010

Les nouveaux horizons

Ce matin j’ai pris quelques minutes pour regarder la comparution d’un de mes anciens patrons devant la commission Bastarache. Le sujet de cette commission m’intéresse peu, mais de revoir Paul Bégin, avec qui malheureusement je ne me suis pas entretenu depuis déjà quelques années, m’a ramené à une autre époque.
Il y a maintenant pas loin de 14 ans, Paul Bégin fut mon premier patron politique alors que je suis débarqué à Québec, sans grande expérience, rempli d’ambition et de prétention. Ce fut un grand patron, le meilleur que j’ai eu. Les années qui allaient suivre ne furent pas facile. Alors que je me racontais des bobards sur ma vie et mes fausses aspirations de bonheur, alors que mon tour de taille acquérait une circonférence inversement proportionnelle à mon estime personnelle, je brassais des dossiers et je conseillais Paul Bégin au meilleur de mes capacités. On travaillait fort et on travaillait fou, de 7 am à 10 pm presque tous les jours, mais on le faisait avec la confiance du Ministre.
Je vous épargne les illusions et toutes les fois où je me suis gonflé de prétention pour essayer de compenser pour mon inexpérience, ce n’est pas l’objet de mon propos. Éventuellement, j’ai frappé mon mur et mon corps m’a lâché, mes années d’abus m’ont rattrapé et m’ont dépassé en m’écrasant au passage. J’ai perdu cet emploi en politique parce que, essentiellement, je ne pouvais plus suivre physiquement, trop malade, trop épuisé, trop gros et j’ai coulé vers le fond. Quelques mois plus tard, j’étais chez-moi, au bout du rouleau, épuisé, découragé et avec un horizon bouché: j’allais mourir, c’était très clair.
Mais il y avait quand même une lueur vague sur cet horizon, un phare, la confiance que, peut-être, j’étais capable de faire quelque chose. J’étais au fond du trou, en pleine déchéance, mais je n’avais pas garder que l’épuisement de mes premières années en politique, j’avais aussi développé un peu de confiance parce que mon patron m’en avait démontré en me laissant piloter des dossiers importants. J’ai bâti sur cette étincelle de confiance et je peu dire sincèrement aujourd’hui, que même s’il ne le sait pas, Paul Bégin fait partie des gens qui m’ont donné les outils pour sauver ma vie.
On ne peut transmettre la confiance à quelqu’un, on ne peut que lui en démontré et lui laisser les conditions pour qu’il la développe lui-même ou elle même. Ce n’est pas parce que j’ai confiance en une personne qu’elle aura confiance en elle, mais si je lui en démontre, si je le dis, je lui laisse une chance de bâtir sa propre confiance et réaliser de grandes choses. C’est parce qu’un jour un ministre parfois un peu bougon m’a envoyé représenté le Québec dans une conférence fédérale-provinciale que j’ai par la suite grimpé des montagnes, que je suis passé des rencontres au sommet, aux sommets tout court.
De cette époque, je suis resté quelqu’un qui dit énormément sa confiance en l’autre, au risque de parfois être très fatiquant. Mes amis vous le dirons, quand j’aime et j’apprécie quelqu’un, je le dis haut, fort et souvent. Mais pour moi c’est important, il ne sert à rien d’avoir confiance en quelqu’un si on ne le démontre pas, si on ne le dit pas. Parce qu’un jour on m’a offert un peu de confiance, j’ai pu développer la mienne et m’ouvrir de nouveaux horizons, faire des choses que je n’aurais jamais cru possible. C’est le plus beau des cadeaux que je n’ai jamais reçu.

vendredi 6 août 2010

C'est particulièrement troublant

À lire dans La Presse d'aujourd'hui, un article sur un phénomène (heureusement limité)particulièrement dérangeant: les "gainers", qui est, à bien des égards, l'envers de l'anorexie.

À lire

J'ai travaillé près de 6 ans dans les services psychiatriques d'un grand hôpital montréalais. J'ai vu plusieurs dimensions de la maladie mentale et je peux comprendre la douleur psychique de celle-ci. Mais j'ai aussi connu l'obésité morbide et j'ai véritablement frôlé la mort de bien près par la grâce de ma fourchette. Il fut même une époque où j'engraissais de près de 10 à 15 livres par mois. Mais moi je n'y avais aucun plaisir, c'était une destruction systématique et continuelle. Et m'auto-détruire complètement est la seule chose que je suis vraiment content d'avoir échoué dans ma vie.

Alors quand je lis un article comme ça, je ne peux m'empêcher de penser à la souffrance terrible que ces gens doivent vivre pour en arriver là. Moi je suis allé très creux, dans un endroit d'où je ne croyais pas sincèrement revenir, et je ne me suis même pas approché de ça...alors j'en suis vraiment abasourdi.

dimanche 1 août 2010

à propos de l'impossible

Digression aujourd’hui. Mais, de toute façon, je digresse si souvent! Digression parce que je ne parlerai ni d’obésité, ni de montagne, du moins je ne crois pas. Petite réflexion volontairement ouverte en ce dimanche de soleil.

Donc cette semaine je suis allé au cirque voir ID du cirque Éloize. Bon spectacle, mais là n’est pas l’objet de mon propos. La mise en scène, qui se voulait urbaine et moderne, s’inspirait de West Side Story (film de Robert Wise, 1961) sur les amours impossibles de jeunes rattachés à des bandes rivales dans le New York des années 50. Une intrigue qui était elle-même une transposition de Roméo et Juliette de Shakespeare sur les amours impossibles des amants de Vérone qui était elle-même inspirée directement par Tristan et Iseult sur les amours impossibles de...enfin, vous voyez le topo. Le tout né dans les limbes de l’amour courtois du haut moyen âge (si certain veullent leur amour éternel, le concept d’amour lui-même est relativement récent, eh, que voulez-vous?) où la prémice de tout rapport amoureux était que celui-ci était impossible .

Bref, cette mise en scène m’a ramené à ce questionnement: existentiel: pourquoi sommes-nous si obsedés par l’échec amoureux? Pour ma part je sais que j’aurai beau m’essayer et m’acharner à 10 000 projets, il n’y aura jamais aucun domaine où j’aurai autant douloureusement échoué qu’a celui de l’amour. Et pourtant...je n’arrive pas à le regretter.

jeudi 22 juillet 2010

Se regarder le nombril

C’est fou comme tenir ce blogue m’amène a partager des choses affreusement intimes. Vous parler, pendant des lignes et des lignes, de mes plis de peau abdominaux, euh... feu mes plis de peau abdominaux, est un exercice particulièrement impudique. Utile pour certains je crois, mais particulièrement impudique. J’ai même pensé qu’il pourrait être utile de vous montrer mes photos avant/après (je les ai), mais disons que pour l’instant on va se garder une petite gène. Vous permettrez qu’a cette pensée je rougisse quelque peu devant l’écran de mon ordinateur; je ne suis pas si exhibitionniste quand même.

Cependant je ne me gène pas pour partager certaines pensées qui sont, sous certains aspects, beaucoup plus intimes que quelques photos d’une vieille chemise de peau beaucoup trop grande dont on se rentre les pans dans les pantalons pour en dissimuler les bouts qui pendouillent. Ou plutôt non, pas une chemise, un coton ouaté de peau. L’image est plus juste avec cette mauvaise coupe qui caractérise si souvent les cotons ouatés. J’avais quasiment même les petites mousses!

Mais je peux maintenant en parler au passé. Bien qu’il me faudra encore plusieurs semaines de cicatrisation, je ne porte maintenant plus ma gaine post-opératoire et je porte plutôt ma nouvelle silhouette, faite sur mesure, chez un tailleur de peau d’expérience qui m’a concocté un joli ventre 4 saisons. Ma panse n’étant plus pansée, je peux maintenant pensé que le pire est derrière moi. Ce qui est effectivement le cas car le devant, lui, vient d’être refait, donc le pire est effectivement derrière et le mieux, devant.

Suis-je content du résultat? Plus que je ne l’aurais espéré et celà étonnera sans doute plusieurs personnes a qui j’ai assommé les oreilles au cours des derniers mois avec mes angoisses abdominales. Peut-être est-ce cette transition rapide entre l’épiderme flasque et débordant d’il y a 4 semaines et le ventre plus plat que la Belgique d’aujourd’hui qui me souffle ainsi. Ou bien est-ce que, finalement, après des milliers d’heure de gymnase, de montagne, d’efforts, il y a finalement une partie de mon corps qui reflète mon investissement.

Mon ventre plat ne me rendra pas plus heureux. Je vivais assez bien avec l’ancien. Mais je me rends maintenant bien compte qu’il était devenu, lui aussi, une excuse. Que le symbole de succès qu’il était un temps, en racontant dans ma chair un peu trop flasque, mon combat contre l’obésité, était devenu un boulet dont je gérais le malaise. Une insatisfaction, un handicap social ( c’était bien tannant devoir tenir l’explication de l’ex obèse avant de se déshabiller devant quelqu’un, ça tue le mood ça) que je trainais.

Pourquoi était-il devenu ainsi? Parce que je pouvais y changer quelque chose et que je ne faisais rien. Erreur. J’avais oublié moi même une grande leçon que je pérore volontiers à bien des gens: si t’es pas content, ta seule responsabilité et d’essayer d’y changer quelque chose si tu peu. Je pouvais depuis un certain temps, et je ne faisais rien. C’est comme en montagne: tu n’es pas obligé de réussir, tu es seulement obligé d’essayer.

Enfin, nouveau ventre, nouvelle vie ? Non, on fait pas du neuf avec du vieux, mais ça fait une excuse de moins pour ne pas faire certaines choses, il m’en reste de moins en moins, je pense qu’il faudra bien que je finisse par faire quelque chose de bien avec tout ça...pas le choix.;)

dimanche 18 juillet 2010

Du meilleur et du pire

J’aime a penser, ou, du moins, à prétendre, que les montagnes sont des révélateurs. Que, dans l’atmosphère raréfié de l’altitude, dans la sueur et la douleur d’une longue grimpe, chacun se révèle tel qu’il est. Bon ou mauvais. C’est pour cela que je choisis mes compagnons et compagnes de grimpe avec le plus grand soin. C’est sans doute vrai de la montagne, mais aussi vrai de bien d’autres défis.

Mon opération, mon abdominoplastie, s’est très bien passée et a donné des résultats bien au delà de ce que je pouvais raisonnablement espérer. Le 29 juin dernier on m’a retirer près de 4 kg uniquement de peau excédentaire sur l’abdomen. Si on devait résumer le dernier mois et demie à ce simple fait, je crois que l’on pourrait prétendre, à juste titre, que ce fût un grand succès. Mais, comme pour les montagnes, ce n’est pas le résultat final, le succès ou l’échec, qui fait foi de tout; il y a le chemin pour s’y rendre.

Depuis maintenant près de 12 ans que j’ai entrepris de changer ma vie, toujours le processus, le chemin, qui m’a mené vers un objectif, fut beaucoup plus riche de satisfactions et d’enseignements que le résultat final. Souvent, d’ailleurs, le résultat en soi, est décevant. Certains aboutissements sont même carrément frauduleux quand on pense aux efforts investis. On se fait souvent avoir par soi-même si on mets tous ses espoirs dans le résultat final. Le profit est presque toujours ailleurs. Il en va de même pour mon opération.

Je dois avouer que les deux derniers mois furent parmi les plus difficiles de ma vie. Mais d’une difficulté que je ne soupçonnais pas, ou, du moins, que je sous-estimais grandement. Ce ne fut pas vraiment difficile physiquement, mon opération, bien que spectaculaire dans son étendue, ne fut pas particulièrement douloureuse et, bien que j’ai beaucoup souffert de la canicule, comme beaucoup de gens, ce ne fut pas la fin du monde non plus. Mais je dois avouer que, confronter à cette opération je me suis trouvé dans un état de vulnérabilité et de stress que je connais peu souvent. Habitué que je suis à prétendre avoir le contrôle sur ma vie, a prévoir tout, à savoir tout ce qu’il y a a savoir (au risque de ne comprendre rien de ce qu’il y a comprendre), je ne suis pas certain que j’étais bien prêt à faire face à la vulnérabilité qui va avec la démarche de l’abdominoplastie.

Un sentiment de vulnérabilité qui a fait ressortir un côté de moi que j’apprécie beaucoup moins, un côté insécure qui croît encore, quand les circonstances s’y prêtent, que s’il n’est pas au coeur de l’action il sera laissé de côté, que s’il n’est pas aux commandes, il ne sera même pas passager. Qu’il est infiniement oubliable comme à l’époque ou je réchauffais le banc au hockey .

Bref, j’ai broyé une bonne dose d’angoisse et assaisonner l’existence de certaines personnes autour de moi d’un comportement détestable dont moi-même je n’aurais pas supporté le quart. C’est comme si maintenant, mon nombril tout nouvellement refait, je n’avais pas été capable de prendre le recul nécessaire. Bref, je fut un peu trou de cul, parce que je suis tout à fait capable de l’être (le moins souvent possible je l’espère).

Enfin, les choses vont mieux, l’épreuve se termine, je me remets de mon opération et de ma surprise d'avoir trouvé tout ça pas mal plus difficile que prévu.

Chacun est capable du meilleur, mais parfois aussi chacun peut démontrer le pire et, parfois, peut-être est-ce nécessaire de le constater afin de se secouer les puces et de continuer à faire de soi quelque chose de bien, afin de pousuivre le chemin. C'est un travail quotidien.

dimanche 27 juin 2010

L'engagement

Je tiens ce blogue de façon plus ou moins assidue depuis un peu plus de trois ans. Dès ma première entrée j'ai écris sur les plis disgracieux de peau qui recouvrent mon ventre tel un ballon dégonflé. À l'époque, je soutenais avec conviction que j'avais appris à vivre avec ce surplus de peau et c'est encore le cas. Cependant depuis j'ai décidé de passer sous le bistouri afin d'en faire retirer une partie. Je ne me fais pas d'illusion, l'amélioration de l'apparence sera sans doute spectaculaire, mais bien incomplète.

En effet, il restera toujours mon dos, mes cuisses, mes fesses etc. Qui portent tous les marques de mon passé. Alors je ne deviendrai pas un Apollon du speedo (qui est un crime contre l'humanité chez 99% des hommes) et je n'irai pas afficher mon nouvel abdomen, qui aura bénéficier d'un couteux "bedaine-lift" sur les plages au mois d'août. On parle ici d'amélioration, on ne parle pas de miracle. De plus, je ne suis pas, comme j'élabore dans mon entrée précédente, très enthousiaste sur les résultats escomptés. Ça ne me rendra pas plus heureux, ou moins malheureux, au mieux ça me rendra plus confortable dans mes chemises, c'est tout. Alors pourquoi investir plus de 12 000$ là-dedans (non, malgré les légendes urbaines, la régie de l'assurance maladie ne couvre pas ce genre d'opération) , pourquoi le faire?

Parce que cela respecte un engagement pris il y a plus de 11 ans. Il y a 11 ans j'ai pris l'engagement de tenter de changer ma vie et de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour y arriver. Je me suis trouver une belle tête de cochon et je l'ai mis à la poursuite d'un but: changer ma façon de vivre. Je ne l'ai pas fait pour devenir heureux, j'aurais été amèrement déçu. L'atteinte de l'objectif n'est jamais garantie et miser sur un hypothétique bonheur résultant de mes efforts aurait été une chimère et un leurre. Mais je sais que si je ne changeais pas ma vie, je ne l'atteindrais jamais ce bien être et ce bonheur. Je n'atteindrais jamais la rédemption que je cherchais et que je cherche encore.

Mais changer sa vie est une activité sans fin. La vie est un phénomène continue et quotidien. Changer sa vie implique de le faire tous les jours, pas de le faire pendant 3 semaines et d'arrêter. C'est un éternel recommencement que je fais chaque matin et, le jour ou je renoncerai, j'effacerai l'ensemble des efforts que j'ai fait pendant dix ans. Je le dis souvent: ce qui donne de la valeur à ce que j'ai fait hier est ce que je ferai demain matin. Sans demain, hier ne sert à rien.

Alors mardi je passerai sous le bistouri parce que j'en suis rendu là, parce que c'est l'étape suivante dans mon engagement. Si je ne le faisais pas, je ne serais pas plus malheureux, mais je finirais par le regretter. Et il n'existe pas de cure pour le regret, je suis bien placé pour le savoir.

Mercredi je ne serai pas plus heureux, je ne serai pas mieux dans ma plus courte peau, mais j'aurai fait un autre possible dans ma quête de l'impossible.

dimanche 13 juin 2010

Les grandes ambitions

J'ai grandi en me convainquant que j'étais né pour un petit pain, dans mon cas c'était plus une douzaine de petits pains avec beaucoup de beurre et du nutella, mais enfin, vous comprenez le principe. Pas d'avenir, pas d'ambition, pas de désir, donc pas de frustration. Ne pas désirer mieux, c'était se prémunir contre l'échec, on ne peut échouer ce que l'on ne tente pas n'est-ce pas?
Je ne pense pas être différent en cela de bien des gens. Pas nécessaire d'avoir été obèse pour ça. À chacun son fardeau, à chacun son excuse. Un jour, il y a maintenant une dizaine d'années, j'ai perdu la mienne et je dois bien avouer que, parfois, depuis, c'est moi qui se sent perdu.
Plusieurs personnes qui lisent ce blogue me soulignent régulièrement comment ils trouvent mon jugement clair et apprécient le côté « assumons nos responsabilités » de mes propos. Merci , mais ce côté là ressort a postériori, une fois l'expérience vécue et digérée, c'est plutôt facile d'avoir un bon jugement quand l'histoire est terminée. On comprend bien les indices de l'histoire quand on en connait la fin. Quand je suis dedans, je suis aussi dans le flou et confus que n'importe qui. Je suis présentent dans une telle situation où tout converge pour me brouiller la vision.
D'abord, dans maintenant deux semaines je vais passer sous le bistouri pour me faire retirer une partie de mon surplus de peau. Cette opération correspondra, au jour près, à mon 44ième anniversaire et la date fut choisie en conséquence. J'appréhende pas mal ce moment et surtout la convalescence qui me laissera sur le carreau pour quelques semaines en compagnie de moi-même pour seul distraction.
De plus, la dernière année fut fertile en frustrations, en échecs et en apprentissages divers. J'ai été bien souvent confronté à me demander ce que je désirais vraiment, ce que je recherchais et ce à tous les niveaux: professionnel, personnel, amoureux etc.
Si on peut perdre du poids, on ne se libère jamais complètement de son fardeau. La plus grande cicatrice que je porte n'est pas dans la peau flasque de mon ventre, de mes cuisses, de mon dos même, mais entre mes deux oreilles, et ça aucune opération ou convalescence n'arrangera la chose. Je me rends de plus en plus compte que , si j'ai grandi dans la peur du regard et du jugement de l'Autre, j'ai toujours autant, sinon plus, besoin de son regard et de son jugement pour m'accomplir. J'ai beau être allé plus loin que je n'aurais jamais osé espérer, avoir eu le Monde à mes pieds par un soir calme sur une montagne en Alaska (le moment le plus magique que l'on puisse imaginer), mes triomphes, mes victoires, ne me satisfont jamais longtemps.
J'ai encore bien souvent un jugement parfaitement et terriblement sévère à mon endroit. Au fond, je ne considère pas vraiment que je mérite de triompher. Trop paresseux, trop complaisant, trop longtemps. Alors je cherche l'Autre dont le regard me donnera la permission de triompher, qui me fera sentir important, essentiel même. Parce que, par moi-même, je n'arrive pas à me convaincre complètement. Je n'ai décidément pas changé, tout ce que je fais de différent entre le moi de maintenant et le moi d'il y a dix ans est que j'ai appris à me battre malgré tout, malgré le doute, malgré la certitude quelque part que ce ne sera jamais fini.
On ne peut se changer, on peut seulement changer sa vie, mais c'est quelque chose qui ne termine jamais. Quand on entreprend de le faire aujourd'hui, il faudra aussi être près à le faire demain.
Je sais que ça peut avoir l'air affreusement pessimiste comme ça, mais c'est tout le contraire. Parce que, quelque part, continuer de se battre, progresser malgré les difficultés, ne pas baisser les bras, c'est triompher. Non dans l'instant de l'exploit, mais dans la durée. La force n'est pas de ne pas avoir de doute, mais de continuer malgré ceux-ci.
Dans deux semaines j'échangerai des cicatrices physiques pour d'autres, puis rien n'aura changé, et je continuerai à me battre pour trouver quelque chose que sans doute je n'obtiendrai jamais. Mais au fonds ce n'est pas ça qui compte, ce qui compte c'est que j'ai, malgré tout, le goût de continuer de me battre, au fonds, malgré le doute, si j'ai le goût c'est que j'en vaux la peine....

dimanche 4 avril 2010

La montagne donne, la montagne reprend

Nouvelle tragique en ce début de printemps. Heidi Kloos, celle qui dirigeait notre expédition au Dénali en 2008 et avec qui j'ai eu l'honneur de partager une corde pendant près de 3 semaines sur le sommet de l'Amérique du Nord, est décédée dans une avalanche près de chez elle au Colorado. Accident bête, Heidi était la prudence même. Une véritable force de la nature, je me souviens d'une femme qui n'était pleinement à l'aise que sur une montagne. Une femme ultra-forte, mais en même temps d'une gentillesse incroyable.

De nombreux grimpeurs continueront à grimper ces sommets qu'elle guidait régulièrement: Aconcagua, Dénali etc même si elle n'est plus là pour les guider et ils ne sauront ce qu'ils manqueront...moi je sais. Salut Heidi

mercredi 3 mars 2010

Persévérance et acharnement

J’ai le plus grand respect, même de l’admiration, pour la persévérance. Cette force, cette confiance, qui vous permet de conserver le cap et de tendre vers votre objectif malgré le doute, les difficultés et l’adversité. Je suis, sur certains aspects, l’être le plus persévérant que je connaisse, le plus entêté, cet entêtement n’est pas toujours un défaut, dans mon cas ce fut la différence entre la vie et la mort et je béni ma tête de cochon chaque jour depuis qu’elle ma arrachée à la fin certaine que j’avais dessinée pour moi-même. Mais je sais aussi que cette persévérance peut mener à l’acharnement et l’acharnement peut être extrêmement destructeur, là où la persévérance construit patiemment, l’acharnement use et détruit assurément.

Cette entrée de blogue m’est inspirée en bonne partie par une conversation que j’ai eue avec une personne rare et précieuse près de moi et qui traverse certaines difficultés. Il n’y avait rien à dire, alors je n’ai rien dit, ce qui m’a sûrement évité de dire des âneries, mais je n’ai rien dis aussi vraiment parce que je suis incapable de porter un jugement sur la vie et le comportement des autres, sur leur choix, plus la personne est proche et moins je me sens à l’aise. Sans doute est-ce parce que je me suis trop longtemps senti jugé, ou plutôt avais-je trop peur de voir confirmé, dans les yeux des autres, les jugements et les sentences que je m’imposais. Enfin, toujours est-il, que je préfère beaucoup plus parler de mon expérience personnelle, de mon point de vue, que de tenter de les appliquer sur la vie des autres. Je ne parle bien que ce que je connais et je connais surtout ce que j’ai vécu, alors l’équation est simple.

Donc cette conversation m’a amené à réfléchir sur la différence entre la persévérance et l’acharnement, sur le renoncement et l’abandon. La persévérance d’abord parce qu’elle est essentielle, salvatrice, magnifique. La persévérance est ce qui donne de la valeur à votre vie et à vos entreprises. Vous vous donnez des objectifs et vous persévérez dans leur atteinte et c’est beaucoup ça qui donne toute sa valeur à cet objectif. Ce but sera encore plus beau parce que vous avez persévérez, parce que, devant l’obstacle, vous avez poursuivit l’effort. L’effort, est porteur de sa propre récompense. L’intensité de l’effort que vous investissez devient le vibrant témoignage de votre foi en vous-même. La vie c’est le mouvement et nos actions sont notre souffle, je l’ai déjà écrit souvent : persévérez, c’est déjà, pour beaucoup, réussir.

Tranquillement vous apprenez à mesurer votre valeur face à l’obstacle. Vous persévérez et vous apprenez à dépasser vos attentes, à dépasser celles des autres aussi. Vous êtes la rivière qui avance et gruge tranquillement l’obstacle, vous savez qu’avec suffisamment d’effort et de temps, le roc cède le pas à l’eau, vous devenez la rivière.

Mais le côté pervers de la chose vous attend dans un méandre là-bas. Vous vous mettez à croire que seule votre valeur personnelle et votre volonté peuvent venir à bout de tous les obstacles. Votre réussite n’est plus le jugement de la valeur que vous accordez à un objectif, elle devient le jugement de votre valeur à vous. Le roc se fait plus dur et vous vous obstinez; vous avez appris que vous pouviez réussir, alors la persévérance devient de l’acharnement, vous ne voyez plus rien d’autre que le roc qui vous bloque le chemin. Vous n’avancez plus, ce mouvement qui vous animait, ce souffle, devient une ancre. Par une étrange tournure des choses, vous inversez les rôles, car vous ne progressez plus, vous êtes désormais le roc au milieu de la rivière et votre persévérance qui vous faisait avancer est maintenant l’acharnement qui vous use. Désormais, vous avez perdu l’objectif si précieux de vue, vous ne voyez plus que l’obstacle dont vous voulez triompher. Vous alliez où déjà? Vous vouliez quoi au départ? Votre perspective est faussée par l’obstacle.

Vous ne voyez plus l’objectif, vous voyez seulement l’investissement en efforts que vous y avez mis, plus vous en mettez, plus cela devient la justification d’en mettre encore, c’est le syndrome de la voiture usagée. Vous devez changer le moteur sur votre minoune pour un montant prohibitif et votre principale justification est que vous ne pouvez pas ne pas le faire parce que vous venez à peine de faire refaire les freins, c’est un cercle vicieux. Plus on investit, plus on veut récupérer cet investissement, plus on récolte seulement des miettes. Plus de joies, seulement un peu, parfois de soulagement et le mirage d’un semblant de réussite.

Pour moi qui grimpe des montagnes, ou qui prétend les grimper, c’est perdre l’ensemble de ‘expérience de vue pour ne garder que celui du sommet à tout prix. Penser que, quelque part, dans un univers quelconque, la perte d’un orteil, d’un doigt, de la vie, vaut un petit bout de neige au sommet d’une montagne. Ce n’est jamais, jamais le cas.

Ce n’est pas très différent des joueurs compulsifs, on devient persuadé que la machine dans laquelle on a tant mis va finir par payer et on ose plus quitter la table, parce que ce sera peut-être la prochaine mise, sinon celle d’après. Mais plus on s’acharne, plus on perd. Jamais on ne retrouvera sa mise.

La limite est extrêmement difficile à tracer c’est certain et bien peu de gens arrivent à le faire avant de l’avoir dépassée de très loin. On ne peut espérer avancer et ne jamais la franchir, on peut seulement espérer avoir la sagesse de le reconnaître et la force de se lever de table. Car si persévérer est déjà une grande part du succès, renoncer, attention pas abandonner, renoncer à s’acharner est une grande part de victoire.

Et, renoncer devant l’impossible pour préserver sa capacité de réussir demain, ce n’est pas abandonner, ça demande un courage certain que j’admire et admirerai toujours encore plus que la persévérance.

J'espère avoir ce courage

jeudi 28 janvier 2010

Le bon vieux retour du même (merci Yves)


J'ai une certaine difficulté à retrouver mes repères depuis que je suis revenu de ma montagne. Comme les marins qui débarquent, j'ai la démarche hésitante.Je voudrais pouvoir étirer mon bras dans le temps pour aller y saisir ma prochaine montagne et, tirant dessus de toutes mes forces, la ramener à moi, la rendre immédiate. Je voudrais pouvoir tirer un fil entre mes sommets et, tel un funambule, passer de l'un à l'autre sans en redescendre parce qu'aussitôt que je ne me défi plus, je ne me sens démuni. Je vous l'avoue, le quotidien parfois m'intimide plus qu'une crevasse et me motive autant qu'un touché rectal chez le médecin.

Maigrir de près de 100 kg et atteindre un haut sommet on beaucoup en commun, je vous l'ai souvent écris. Parmi ces choses il y a la clarté de l'objectif. D'un certain côté, maigrir de 100 kg est plus simple (et non plus facile) que de maigrir de 5 kg, le rappel de l'objectif est présent, constant, il s'impose de lui-même. La même chose pour une montagne, l'objectif reste un point géographique précis que l'on cherche a atteindre, la voie peu varier, mais il n'y a que deux directions: vers le haut ou vers le bas, maigrir ou mourir.

Je ne regrette pas une seule seconde de mes années d'obésité, elles ont fait de moi une meilleure personne, mais, justement, elles ont fait de moi ce que je suis. L'obésité est ma culture, j'ai appris à voir le monde au travers des yeux et l'impuissance est ma langue maternelle et j'en ai toujours gardé l'accent. Aussitôt que je ralenti, j'ai l'impression que je vais m'enliser, que je ne serai plus capable de réussir. J'ai besoin de défis pour y prendre ma mesure, y jauger ma valeur. Seul le défi me donne la confiance nécessaire afin de faire face au quotidien.

Entre mes montagnes, c'est le bon vieux retour du même, mêmes problèmes, mêmes échecs, mêmes frustrations. Le monde ne change pas entre mes montagnes, je ne change pas, seule ma vision du monde et de ma capacité d'en faire quelque chose qui elle est changée. Mais elle n'est pas changée par le succès d'hier, avoir triomphé hier ne vaut rien si je ne cherche pas encore à triompher demain, elle est changée par ma capacité à croire que je pourrai réussir encore demain.

Si demain je reste assis, j'enlève toute valeur à ce que j'ai réussi hier, c'est l'avenir et ce que j'en fais qui donne un sens au passé. Si demain je reste assis, alors 25 ans d'obésité morbide auront été gaspillés. L'âme de quelque chose, en latin anima , c'est ce qui l'anime, ce qui le fait bouger, le mouvement c'est la vie.

En faits, voilà, c'est ça qui me manquait, une destination, un objectif, une démarche. Quelque chose, quelque part. Voilà, ce sera le Spantik, 7027 m en 2011.

L'important n'est pas d'avoir les moyens de son ambition, mais de se donner l'ambition de ses moyens.

mercredi 23 décembre 2009

Virer de bord

Voilà; 25 jours plus tard, me revoici à l'aéroport de Miami attendant mon vol pour Montréal. C'est le retour à la maison, le retour d'une autre montagne. C'est un retour tout en transition cependant. Il y a déjà une semaine que je suis redescendu et, depuis, j'ai pleinement profité de la très ensoleillée et très sèche Mendoza (cinquième région viticole de la planète) et de Buenos Aires, que j'ai quitté hier soir. C'est pas donnée de faire de la haute montagne, il faut aller loin, mais justement ce sont toujours des occasions de voyage et de découverte.

Je rentre donc à la maison après avoir tenté de grimper le Mercédario. Je dis "tenté" car, plusieurs l'apprendront ici, j'ai renoncé à moins de 40 mètres du sommet. Attention, je dis 40 mètres, ce sont 40 mètres verticaux, en distance horizontale à parcourir c'était plus que ça. J'avais dépassé le premier cône sommital (qui était un anté sommet, voir les entrées précédentes) et j'avais atteint la crête finale, qui menait au petit sursaut du véritable sommet. Je voyais parfaitement bien le vrai sommet, proche malgré que j'estimais qu'il me faudrait au moins une heure de plus pour l'atteindre, mais, bizarrement quand je l'ai vu à porté de main, ou de pied si vous préférez, la volonté de l'atteindre m'a abandonnée. J'étais particulièrement fatigué, notre journée avait commencé 7 à 8 h auparavant, à 5200 mètres, sous un vent constant de 70 `km/h, un assaut long, ardu. Depuis une heure j'avais des engelures au nez, mais j'ai voulu ce sommet, je le sentais proche.

Puis, quand je l'ai vu à porté , quand est venu le temps de le toucher, l'évidence fut qu'il y a des conquêtes, aussi accessibles semble-t-elles, qui ne sont pas dues pour se faire. Que la première mesure du succès en haute montagne, c'est d'en revenir et qu'aucun sommet ne vaut un nez, un doigt. J'ai senti que, si j'avais encore l'énergie pour retourner de façon sécuritaire au camp, en continuant pendant cette heure de plus pour atteindre le sommet, je ne savais pas si j'aurais encore cette force. Devant ce constat, j'ai tourné les talons sans regrets. Seule Faye, qui avait elle aussi tournée les talons au Dénali près du sommet, a voulu poursuivre et, en plus de 3 heures d'efforts, elle a fait le sommet en solo, dans la tempête pendant que nous l'attendions.

Donc, pour la première fois de ma (limitée) carrière de grimpeur, j'ai renoncé a un sommet. Depuis, je cherche en moi un sentiment d'échec quelconque, une déception inavouée, une frustration rationalisée et je n'en trouve pas. Je suis parfaitement en paix avec ma décision et je dois dire que, quelque part, ce fut peut-être ma plus belle montagne. Elle m'a donné l'occasion de donner le meilleur de moi-même, d'aller au bout de mes ressources et je me suis donner l'occasion d'être encore là, ici et sur une autre montagne pour me battre encore. La vrai mesure du succès n'est pas tant d'avoir réussi hier, que de pouvoir continuer d'essayer demain, c'est ce que nous ferons demain qui déterminera ce que nous seront, pas ce que nous avons fait hier. Déjà, j'ai le goût d'une pente.

vendredi 27 novembre 2009

De l'aéroport de Miami

Les aéroports ont quelque chose de particulier. Ces grands carrefours où se croisent des voyageurs blasés aux yeux bouffis de sommeil, me fascinent. Il faut bien, j'attends mon vol pour Santiago qui ne décollera pas avant deux heures encore, il vaut mieux que l'endroit me fascine.

Auparavant, il me suffisait de mettre le pied à l'aéroport pour me sentir dépaysé, pour me sentir déjà loin; pas cette fois. Peut-être parce que j'ai fait exactement le même trajet dans le même but il y a trois ans quand je suis allé tester ma volonté sur les pentes de l'Aconcagua.

Mais, aujourd'hui, je ne sens pas ce dépaysement , je ne me sens pas encore tout à fait parti. Ce n'est qu'un signe de plus que je devais partir. Je devais prendre le temps de me retrouver et loin de tout, dans le froid et l'effort, c'est ça que la montagne a à m'offrir, et ce cadeau, je vais le prendre au complet, sans rechigner.

Lundi dernier j'ai présenter mes deux derniers films de montagne (l'Aconcagua et le Denali) devant plus de 70 personnes. Je pense avoir été bon, je suis certain d'avoir été bien. En parlant de la montagne, de mon passé aussi, je me suis retrouvé, en remontant le sentier que je connais si bien, j'ai vu un peu où je m'étais arrêté, où je m'étais un peu perdu.

Les gens sont restés longtemps pour les questions. J'étais allumé par leur intérêt, j'étais quasiment charismatique, je me sentais de nouveau fort, de nouveau en contrôle. Cette soirée m'a fait un bien fou. J'en avais un besoin criant.

Demain matin je serai du bon côté de l'avion et je reverrai l'Aconcagua que l'on distingue très bien au nord sur le vol Santiago-Mendoza, je le reverrai avec un respect certain. Puis, lundi, je serai au pied du Mercedario avec mes 3 compagnons et je dormirai hors de la tente pour admirer les glaciers miroiter sous la pleine lune et mes rêves seront remplis des caresses de la princesse de la nuit.

Dans 3 semaines, je redescendrai de ma montagne avec une réalité objective qui n'aura pas changé: toujours aussi frustré au travail, toujours aussi malheureux en amour, rien n'aura changer à Montréal. Mais je redescendrai, je prendrai ma première douche en 18 ou 19 jours, prendrai un magnifique repas et je serai de retour à la vie. C'est ça que la montagne m'offrira, en échange de 3 semaines de sueurs et de douleurs, elle m'offrira moi, elle m'offrira la vie.


dimanche 15 novembre 2009

Les faux sommets


Quand on fait de la montagne, on apprend rapidement à connaître un phénomène extrêment frustrant: les anté sommets (de anté, avant) ou, si vous préférez, les faux sommets. C'est tout simplement que, quand on grimpe, souvent on pense approcher du sommet, l'avoir à porté de la main, ou du pied, être sur le point de l'atteindre, pour découvrir que ce n'était qu'une butte et que le vrai sommet est plus loin, et encore, ce n'est peut-être qu'une butte là-aussi.

Ça peut affreusement être décourageant et l'expérience n'y fait rien. On pourrait croire qu'un grimpeur expérimenté ne se laisserait plus aller à l'illusion que le sommet est proche. Mais il n'en est rien. On veut y croire, votre corps au complet veut y croire, vos sens veulent y croire. Alors, vous avez beau savoir, quand vous constatez que le sommet n'est pas là, ça vous scie les jambes et il faut redoubler de volonté pour poursuivre vers le véritable sommet.

Je compare mon année qui se termine à une succession de faux sommets. Dans plein de domaines: professionnel et affectif, j'ai cru, j'ai voulu croire, que j'avais atteint un sommet, un objectif, qu'après tant d'années, je touchais enfin au but. Quand j'ai constaté que mon fabuleux sommet n'était finalement qu'un vulgaire button, j'ai vraiment déchanté et reprendre la route n'a vraiment pas été facile, mais je crois que j'y arrive tranquillement.

Ceux qui ont lu mon blogue depuis le début savent mon problème de peau abondante que je considère comme les cicatrices nobles de mon combat contre l'obésité. Et bien j'ai décidé tout dernièrement que j'avais terminé ce combat contre l'obésité, que j'avais vaincu cette obésité chaque jour de ma vie depuis maintenant plus de 10 ans, que je n'avais, là-dessus, plus rien à prouver, plus rien à me prouver. Pour marquer la fin de cette guerre, mardi, j'ai rendez-vous avec un chirurgien plasticien afin de faire évaluer le travail et, en resdescendant de ma montagne, je me ferai retirer ce surplus de peau. Je ne suis plus en guerre, je n'ai pas besoin d'uniforme.

C'est certain qu'aucune opération ne me donnera un corps d'Appolon. J'aurai toujours un ensemble assez spectaculaire de cicatrices, mais je ne me reconnais plus dans ce vêtement de peau trop grand. Je ne referai pas le passé, mais j'améliorererai l'avenir.

Voilà, je vais continuer vers un autre sommet et j'aurai certainement encore pas mal de déceptions et de faux sommets, mais, dans deux semaines, en allant vers ma montagne en Argentine, j'irai retrouver l'essentiel: moi. Car on ne peut faire de la montagne si on ne sait pas, quelque part, retrouver son essence.


lundi 26 octobre 2009

J'y ai cru


Vous auriez fait ma conaissance au printemps dernier et vous auriez rencontré un homme qui jugeait très sévèrement son bonheur comme étant parfait. Mon travail me passionait et j'y réussissais des coups de maitre, je déterrais les scandales et dénouais l'intrigue avec une aisance extraordinaire. Je travaillais au sein d'une équipe du tonerre et je m'épanouissais professionellement.

Mes projets d'ascencion ne manquaient pas d'ambition et je me mettais à rêver sans retenue de sommets nouveaux. J'en avais un pas mal du tout d'ailleurs qui mijotait lentement sur le feu et ça embaumait bon les Andes dans mon ciboulot.

Et au niveau personnel, ouhaa!!!Alors là les amis, gros lot, j'avais rencontré une femme extraordinaire, belle, magnifique, rayonante qui portait en elle onze mille six cent quarante trois bonnes raisons pour que j'en tombe amoureux et comme moi, en temps normal, il ne ne m'en faut pas plus que 3 ou 4....

Bref, je me sentais bon, je me sentais fort, je me sentais beau, dans tous les aspects de ma vie, la perfection elle-même jalousait ma vie, c'est vous dire.

Je ne sais pas ce qui a foiré en premier. Peut-être est-ce le travail en fait, car au début juin, le contexte a changé et, tout à coup, les choses sont devenues plus difficiles, les beaux rouages qui roulaeint allégrement commençaient à faire entendre un couic-couic inquiétant. Mais tout le reste allait si bien.

Ensuite, c'est ma belle histoire d'amour qui a rapidement fait des couic-couics et s'est tristement écrasée. Pourquoi? Parce que, tout simplement. Ce fut d'une immense tristesse pour moi, mais le reste allait si bien.

Et puis, c'est mon projet de montagne qui a commencé à s'écrouler et j'ai du faire des acrobaties pour essayer de le sauver. Ce fut une grande source de stress, mais le reste allait...au fait, où était le reste qui allait si bien?

Disons donc simplement que, depuis quelques mois, j'ai vraiment l'impression de pédaler contre un vent qui souffle de plus en plus fort, surtout lors des dernières semaines.

En effet, ceux qui me connaissent et savent mon domaine de travail (la politique municipale) ne seront pas surpris que je dise que les derniers jours furent des plus bouleversants. Mon ex-patron, mais toujours ami, la précision est importante, a alimenté toutes les conversations de machine à café au cours des dernières semaines pour avoir d'abord soutenu publiquement une chose pour, ensuite, révéler, très publiquement, l'étendue de ses fautes et causer une tempête qui secoue Montréal depuis près de deux semaines. J'ai cru cet homme pour la simple et bonne raison que c'est un ami et je l'ai défendu bec et ongles devant tous. J'ai été fortement ébranlé, sonné, quand j'ai su qu'il avait menti ,qu'il m'avait menti, comme un grand coup en plein plexus.

Je pourrais regarder mon année qui se termine et la voir comme une perte. Une année où j'aurais perdu mes projets, mon épanouissement professionnel, l'amour et la ma foi en l'amitié. Mais, curieusement, ce n'est pas le cas. Je n'ai rien perdu, en fait j'ai gagné beaucoup au cours de cette année.

Je n'ai pas perdu l'amour car j'ai gagné une plus qu'amie hors du commun. Je considère en effet que je suis devenu beaucoup plus proche de cette femme que je ne l'étais quand j'avais la prétention d'être son amoureux, nous avons une complicité si exceptionnelle que je ne crois pas pouvoir imaginer deux êtres plus complices que nous le sommes. Alors, ai-je perdu quelque chose? Pas du tout, je suis, au contraire, encore le plus chanceux des hommes d'avoir une telle personne dans ma vie.

Ma montagne de son côté? J'y vais dans quelques semaines, mon projet est toujours vivant, ce ne serait pas le cas que ce ne serait pas dramatique. Aimer les montagnes à ceci d'avantageux qu'elles sont patientes, elles ne bougent pas et nous attendent, si je n'y vais pas maintenant, j'irai plus tard, elles m'attendront. Mais cette année, j'irai, après un peu plus d'efforts, mais avec encore plus de plaisir.

Et ma foi dans l'amitié? En fait, je suis super content de celle-là. En effet, après 12 ans de travail dans un milieu où, en principe, règne la magouille, la duperie, la stratégie. et la tromperie, mon premier réflexe fut... de croire un ami, parce qu'il est mon ami. Suis-je fâché de m'être fait mentir? Non, je suis fier aujourd'hui, parce malgré tout, j'y ai cru et avoir foi en l'amitié, y croire, c'est merveilleux.

vendredi 11 septembre 2009

L'heure du conte

Je sais, je n'ai pas été très fidèle cet été. Celui-ci ne fut pas de tout repos. Mais je ne suis pas sur terre pour me reposer, alors je ne m'en plaindrai pas. Ça ne veut cependant pas dire que je n'ai pas écris un peu et c'est ce que je veux vous partager.

Quand je suis aller grimper le Kilimandjaro, il y a maintenant un peu plus de 4 ans, on m'a demandé d'écrire un petit texte pour parler de la dernière nuit sur la montagne. Après plusieurs jours de page blanche j'ai finalement débloqué en m'inspirant de mon écrivain fétiche; Antoine de Saint-Éxupéry et son trop célèbre Petit Prince. Ce qui, au départ, n'était qu'une petite phrase pour lancer un texte est devenu un conte en soi, qui fut éventuellement agréementé de mes photos, devint un album, fut lu et apprécié, partagé. Ensuite, avec d'autres montagnes vinrent les suites à la demande général.

Au cours des dernières semaines j'ai terminé le dernier qui était en chantier depuis plusieurs mois.

Voici donc l'ensemble de ces textes.

Les liens sont dans l'ordre. Vous pouvez utiliser la fonction plein écran et défiler les pages une à une. Bonne lecture.








dimanche 12 juillet 2009

Manger ses émotions et manger une volée


Quelques réflexions d'un samedi pluvieux. Pour les gens qui ont lu l'ensemble de mon blog, celles-ci seront un peu redondantes. Je ne m'en excuse pas , ma prise en charge est essentiellement un exercice de redondance et je suis un être de redondance. C'est peut être aussi pour cela que je suis si à l'aise sur les montagnes: elles sont des bêtes d'habitude et de routine.


Quand on y pense, grimper une haute montagne est une journée d'effort soutenu...répétée 20 fois de suite et une journée de sommet n'est que le même pas, répété 18 000 fois. Dans mon existence j'ai donc un moment charnière qui se situe il y a une dizaine d'années suivi d'une longue marche dans une direction générale qui a été adaptée en fonction du terrain sur lequel je progressais.


C'est dire que prendre son ou ses problèmes en charge constitue un engagement que, quelque part, on recommence tous les matins. Existe-t-il un point où l'on peut dire que l'on est arrivé quelque part, que le chemin est terminé? Je ne crois pas ou, du moins, je n'y suis pas encore parvenu. Au point de vue de l'engagement envers moi-même, c'est un éternel recommencement, tous les jours.


Quand on se prend en mains on ne change pas le monde, on ne se change pas soi-même, on change sa propre capacité de faire face au monde et sa propre perception de cette capacité. On n'efface ni ne change le passé, on l'apprivoise et on l'accepte. Aussi merdique soit-il, il fait partie de soi. Il nous appartient d'en faire une base, une inspiration, un tremplin etc qui nous permettra d'aller plus loin. Je crois, non je sais, que mon obésité m'a donné l'apprentissage et la motivation de devenir un meilleur homme. Je le dis bien sincèrement: « Dieu merci j'ai été obèse, j'aurais aussi bien pu rater ma vie! ».


Mais pour cela j'ai accepté mon passé et pris conscience de mes peurs et de mes angoisses, j'ai appris à vivre avec mes doutes. Ma petite « voix » intérieur qui doutait, certains de mes instincts destructeurs, sont toujours là. J'ai les mêmes peurs, les mêmes angoisses et le monstre qui se cachait sous mon lit quand j'étais enfant si terre toujours (Sauf que, maintenant, c'est lui qui a peur de moi:).


Ce qui a changé essentiellement c'est que, confronté aux mêmes choix qu'autrefois, je les fais maintenant en me basant sur mes désirs sincères et mes valeurs plutôt que sur mes peurs. Je rencontre encore aujourd'hui les mêmes émotions que je gérais autrefois à grandes assiettes, sauf que maintenant j'y répond autrement. Je rencontre les mêmes frustrations et les mêmes revers qu'autrefois, je dirais même que, bizarrement, j'en souffre peut-être plus qu'autrefois. Autrefois je fuyais et je m'engourdissait pour en ressentir le moins possible, aujourd'hui j'accueille cette souffrance comme une occasion de grandir. Comprenez-moi bien: je ne recherche pas la douleur et la frustration du tout, mais l'anticipation de cette douleur ne me fait plus peur et ne m'empêche pas d'agir.

Quand j'entreprends de grimper une montagne, je sais très bien que je vais souffrir, et parfois souffrir énormément, mais je sais que si je dois dépasser cette souffrance, lui faire face, pour atteindre mon but. Mon choix et mes pas sont guidés alors par le désir du succès et non par l'anticipation de la souffrance.


La même chose s'applique à ma vie de tous les jours; mes choix ne sont pas dénués de souffrances et de claques que je prends en pleine gueule. J'ai, tous les jours, le goût de fuir devant des difficultés qui m'apparaissent immenses et insurmontables et parfois encore je le fais. Mais, la plupart du temps, je suis incapable de le faire parce que cela ne correspond plus à ce que je suis. Mais, tous les jours je suis confronté, malgré tout, à mes doutes et à mes angoisses et, tous les jours je dois m'assurer de garder le cap, c'est un éternel recommencement. Mais si mes choix restent guidées par mes désirs sincères et mes valeurs je ne me tromperai jamais, je souffrirai peut-être, ce sera difficile parfois assurément, mais je ne me tromperai pas.


Je ne sais pas si vous me suivez?


Je l'espère. Enfin, pour résumer, vous savez la différence essentielle entre le moi d' il y a 10 ans et le moi de maintenant? Peu de choses, la principale étant que si maintenant je sais que je vais manger des claques sur la gueule, je sais aussi que celle qui va me mettre KO n'a pas encore été inventée.

Bon, vous m'excuserez, j'ai un monstre sous le lit auquel je dois aller sacrer une volée.

mardi 2 juin 2009

La persévérance

Parlons un peu de persévérance, qui est un peu la notion qui relie mes deux sujets principaux : l’obésité et la montagne.

En effet, s’il y a de nombreux parallèles à établir entre les deux, il reste que c’est la persévérance qui en reste l’ingrédient essentiel pour les deux. C’est la farine du pain, la fraise de la confiture et le « vous voulez pas le savoir » du kool-aid, bref, pour triompher de l’obésité comme de la montagne, il faut savoir persévérer.

C’est bien beau dit comme ça, mais au-delà de la formule, qu’est-ce que la persévérance?

Au 15ième siècle, Charles de Valois-Bourgogne, dit « le téméraire » avançait l’aphorisme suivant : « Il n’est point nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer » une formule qui sera reprise un siècle plus tard par Guillaume d’Orange-Nassau, dit « le taciturne ». Ce qui m’amène à quelques réflexions : ces gens étaient vraiment masochistes, avaient des surnoms étranges, mais vaut mieux sans doute être connu comme le téméraire que comme le beige pâle et, finalement, avaient partiellement raison l’absence de succès nécessaire ou non à la persévérance.

Je m’explique, car cela nécessite des explications. Bien entendu je crois qu’il est nécessaire d’avoir un certain espoir pour entreprendre quoi que ce soit. Quand je me lance sur les pentes d’une montagne, j’ai l’espoir de réussir à atteindre son sommet, quand j’entreprends de perdre du poids, j’ai l’espoir de maigrir. Mais, si cet espoir est un déclencheur qui amorce ma démarche, qu’est-ce qui me fera continuer?

C’est là qu’arrive la persévérance, qui n’est pas que la capacité de continuer malgré les difficultés, c’est beaucoup plus que ça. La persévérance est une jauge à laquelle on mesure l’intensité de notre conviction, c’est dans la persévérance que je démontre que je crois que si je ne réussis pas aujourd’hui, je pourrai peut-être réussir demain.

Ce qui est fantastique avec la persévérance, c’est qu'elle porte en elle-même sa récompense, qu'elle porte en elle-même son succès. Le fait d'avoir persévérer apportera une fierté même dans l'échec du premier objectif, un enseigment important, un élément clé, une valeur à l'entreprise. Persévérer, c'est croire en l'importance de ce que nous faisons.

Alors, inutile de réussir pour persévérer? Non, car persévérer, c'est réussir.

lundi 9 mars 2009

Prochain épisode

Comme j’ai terminé récemment le cycle du Dénali, il est maintenant temps pour moi de se lancer dans la préparation de ma prochaine montagne, ou mes prochaines montagnes dans ce cas. En effet, si tout va bien , à l’hiver prochain je retournerai en Argentine pour aller me promener dans la cordillera de Ramada,  un petit groupe de montagne à 70 km au nord de l’Aconcagua que j’ai déjà conquis en 2007.

Bien que la notion  de « conquête » soit ici bien relative. La conquête du sommet n’étant qu’un moment bien court au milieu d’une vaste entreprise de longue haleine, comme bien d’autres conquêtes en fait.

Je retourne en Argentine essentiellement pour deux raisons : je n’aurai pas de véritables vacances avant l’hiver prochain, ce qui limite mes destinations possibles à  l’Amérique du Sud et, seconde raison, l’Argentine, c’est vachement bien comme endroit pour qui veux se récompenser d’avoir tutoyer un beau sommet et embrasser une superbe vue. La bouffe, le vin et la douceur de vivre vous donne le goût d’apprendre le tango et d’apprécier le bandonéon.

Ces montagnes devraient êtres moins harassantes que la dernière, mais je les espères aussi passionnantes. 

dimanche 1 mars 2009

Dénali, c'est fini

Vendredi dernier j’ai finalement présenté mon film sur le Dénali. Une soirée bien réussie, les gens présent ont, je crois, bien apprécié. Cette présentation venait conclure ce cycle de montagne, un cycle qui comprend toujours les éléments suivants : préparer, grimper, revenir, raconter. Maintenant que le Dénali est raconté, je pourrai passer à la montagne suivante.

Mais, auparavant, je vous partage une dernière réflexion qui, un peu, fait le pont entre mon amour disproportionné de la montagne et mon poids d’il y a une dizaine d’années, tout aussi disproportionné.

En faisant le montage du film, j’ai remarqué que je n’avais que des images des moments les plus faciles de notre aventure, que, bien évidement, dans les moments de grandes difficultés, quand, écrasés sous l’effort, dans des vents de 90 km heure, je remettais en question ma santé mentale de m’être plus que volontairement foutu dans ce trouble là, et bien j’avais beaucoup d’autres préoccupations que celle de sortir la caméra afin d’immortaliser mon désarroi. Ce qui fait, qu’au bout du compte, j’ai des images de paysages grandioses, de montagnes magnifiques et de bouffe à profusion et que le résultat final donne un film qui célèbre plus le bonheur et les bons côtés de la montagne, que ses difficultés, et c’est bien parfait ainsi. Comme pour tout projet important couronné de succès, on retient finalement tout des bons côtés de l’aventure pour oublier les douleurs et contretemps. Mon film reflète parfaitement cela.

De toute façon comment pourrait-on traduire adéquatement les difficultés de la montagne en image? Sur l’Aconcagua j’avais trouvé une prise de vue parfaite pour l’exprimer en filmant mes pieds avancer péniblement sur le sol rocheux au son de ma respiration plus qu’haletante. Efficace. Mais sur le Dénali rien ne pourrait traduire adéquatement les moments les plus pénibles. Par exemple, comment traduire le jour de notre passage entre le camp III et le camp IV quand la tempête de neige nous a frappé entre deux pentes? En moins de deux minutes nous étions emmitouflés dans nos plus épais manteaux, avec nos lunettes de ski et tout ce qu’il fallait pour affronter le vent et le froid. Sur le Dénali les tempêtes arrivent vite (celle-là laissa 25 cm de neige en moins de 30 minutes) mais repartent aussi vite et quand le soleil est ressorti nous étions tous en progression sur une pente glacée appelée Squirrel Hill avec aucun moyen de nous arrêter avant le sommet. Habillés comme le bonhomme Michelin, exposés en plein soleil sur un immense réflecteur de glace, nous étions dans vrai four. Il faisait si chaud et la seule chose que je pouvais faire c’était de serrer les dents en regardant la sueur qui remplissait mes lunettes comme l’eau remplie un masque de plongée. J’aurais voulu mourir à chaque pas avant d’arriver sur le plat pour pouvoir enfin enlever nos manteaux. Trois fois dans cette journée le temps nous a fait le coup des changements brusques et c’est pratiquement dans un état second que je suis parvenu au camp IV. Assis là, je pouvais voir le fameux « headwall », une paroi de 1000 m de haut avec des sections à plus de 50 degrés, et j’avais seulement le goût de brailler en pensant qu’il faudrait passer par là les jours suivants. On traduit ça comment dans un film?



Comment traduire en images les dernières heures du retour du sommet, quand nous revenions vers le camp après près de 15 heures de marche avec juste un peu d’eau et de chocolat? Je vous le demande, parce que moi je ne sais vraiment pas, dans ma tête j’étais plus loin que l’épuisement, c’était le vide total, un vrai zombie. Une semaine plus tard, à ce même endroit, dans les mêmes circonstances, un jeune Indonésien de 21 ans va se retourner vers son guide, dire « I can’t go no more » et mourir drette-là, son coeur ayant flanché.


En fait, tout ça ne se traduit pas en images, ça se vit, ça se traverse, et ça s’oublie. Quelques jours après m’être désespéré au pied du « headwall », je grimpais celui-ci quasiment au pas de course (quasiment étant ici un terme tout à fait relatif) et les derniers mètres avant le retour au camp étaient bien loin trois jours plus tard après ma première douche en trois semaines et le retour à la civilisation.

Ce long détour par l’Alaska pour revenir un peu à l’obésité. C’est peut être pour cela que j’aime tant la montagne, je m’y sens comme chez-moi, peut-être parce que ma vie d’obèse m’y a bien préparé, peut-être parce que c’est un peu revenir à la maison, aussi inconfortable fut-elle. Bien entendu, je pourrais vous refaire la boutade que je fais assez souvent en disant que, finalement, porter des charges énormes en étant constamment essoufflé n’est pas bien différent du temps de mon obésité ou je fumais deux paquets de cigarettes par jour, c’était de l’entraînement intensif au fond. Mais c’est plus que ça.

Comme je l’ai déjà écrit, je crois que j’ai gardé le meilleur de mon obésité, que j’en ai gardé les bons apprentissages. Attention, pas les bons côtés, il n’y a pas de bons côtés, mais il y a, comme dans toute chose, des choses à saisir, à apprendre, et je crois que j’ai appris les bonnes, pour oublier les mauvaises. L’obésité m’a donné l’occasion de devenir un homme meilleur et je crois avoir saisi cette occasion. Aujourd’hui je pense aux difficultés que j’ai connu étant obèse et j’y ai un rapport très distant, je me demande encore comment j’ai pu les supporter, comme si quelqu’un d’autre les avait vécus. Peut-être est-ce un peu le cas, quand je ressort mes photos de gros, comme je l’ai fait vendredi pour passer un message, je ne peu m’empêcher de penser que ce François là, avec ses 190 kg bien comptés, était pas mal plus fort que je ne le serais jamais. J’ai pris ma retraite de ce côté-là.

Enfin il en va ainsi un peu de la montagne et de l’obésité : les difficultés sont bien relatives alors que les bonheurs sont absolus une fois que l’on en est revenu. Reinhold Mesner, assurément le plus grand et le plus détestable des himalayistes répondait ainsi à la question du « pourquoi grimper et risquer sa vie ainsi? ». « Pour se sentir revenir à la vie après ».

Perdre du poids vous apparaît peut-être comme insurmontable, mais ne pensez pas à la difficulté d’aujourd’hui, mais au bonheur demain, d’avoir réussi.

mardi 10 février 2009

La prise en charge

Fin de ma période de dormance.

Après les derniers mois qui furent consacrés à me remettre de ma dernière montagne et à lancer quelques projets montagnards, je reviens à l'entretien, irrégulier, de ce blogue. Il est de ce blogue comme de mes plantes vertes : je ne l'entretien pas assez, mais ça veut vire et ça survit.

Aujourd'hui je voudrais vous parler de « prise en charge ». En effet, ma tête de turc préférée en matière d'obésité, la Coalition contre l'obésité morbide (lepoidsquitue.com), après sa propre période de dormance, vient de refaire une sortie pour s'insurger contre le fait que le gouvernement Ontarien fait appel à un chirurgien québécois pour pratiquer des chirurgies gastriques sur des obèses ontariens alors que les listes d'attente pour de telles chirurgies sont pleine au Québec.

Bon, mes lecteurs connaissent mon aversion pour le message véhiculé par cette coalition, mais je vous invite à consulter leur site et à vous faire une idée par vous-même. Je n'aime pas leur message, je le trouve même nuisible dans sa façon, mais c'est mon opinion personnelle. Ils prétendent que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère la chirurgie comme étant la seule méthode efficace pour lutter contre l'obésité morbide, alors que la position de l'OMS est beaucoup plus riche et nuancée et considère la chirurgie comme étant UNE solution efficace dans certains cas. ( Obésité : prévention et prise en charge de l'épidémie mondiale, OMS, Genève, 2003, 300 p.)

En fait l'OMS considère la  chirurgie comme étant une solution de dernier recours quand la prise en charge normale à échoué. Ce qui nous fait un bien long détour afin d'arriver au sujet d'aujourd'hui : la prise en charge.

Qu'est-ce que c'est? La prise en charge c'est l'ensemble des moyens entrepris afin de prévenir, limiter, contrecarrer et éliminer un problème de poids. Un ensemble de moyens qui sont toutefois placés sous la responsabilité de quelqu'un : parent, médecin, la personne elle-même etc. Par exemple, la chirurgie représente une prise en charge du problème d'obésité par le corps médical.

Pour moi la question importante étant : qui doit être responsable de cette prise en charge? Et la réponse elle-même étant tout aussi importante : la personne avec le problème de poids elle-même doit être responsable de cette prise en charge.

Comme je l'ai mentionné souvent, bien qu'il existe de nombreuses injustices sur terre quand au métabolisme de chacun, aux gros os et au sunday au chocolat, une fois que tu es gros, ce n'est pas le voisin qui va pouvoir maigrir pour toi, il ne sert à rien d'attendre après ça, on ne maigrit pas pour faire plaisir à son médecin, même pas pour faire plaisir à sa mère, mais bien pour soi.

Cependant ça ne veut pas dire que ça doit se faire seul. C'est sans doute là que le Québec est le plus déficient, pas dans la chirurgie, mais dans l'accompagnement, dans le soutien que devrait recevoir la personne qui désire se prendre en mains.  Ça , c'est plutôt pauvre. Si on devait se battre pour de meilleurs services aux obèses (et peut-être le devrait-on) on devrait surtout se battre pour de l'accompagnement, des psychologues, des groupes de soutien, de la sensibilisation, de vrais services, bien avant de se battre pour des tables d'opération. Parce que la chirurgie la plus efficace contre l'obésité, c'est bien celle qui ne sera jamais nécessaire.