vendredi 1 octobre 2010

Les nouveaux horizons

Ce matin j’ai pris quelques minutes pour regarder la comparution d’un de mes anciens patrons devant la commission Bastarache. Le sujet de cette commission m’intéresse peu, mais de revoir Paul Bégin, avec qui malheureusement je ne me suis pas entretenu depuis déjà quelques années, m’a ramené à une autre époque.
Il y a maintenant pas loin de 14 ans, Paul Bégin fut mon premier patron politique alors que je suis débarqué à Québec, sans grande expérience, rempli d’ambition et de prétention. Ce fut un grand patron, le meilleur que j’ai eu. Les années qui allaient suivre ne furent pas facile. Alors que je me racontais des bobards sur ma vie et mes fausses aspirations de bonheur, alors que mon tour de taille acquérait une circonférence inversement proportionnelle à mon estime personnelle, je brassais des dossiers et je conseillais Paul Bégin au meilleur de mes capacités. On travaillait fort et on travaillait fou, de 7 am à 10 pm presque tous les jours, mais on le faisait avec la confiance du Ministre.
Je vous épargne les illusions et toutes les fois où je me suis gonflé de prétention pour essayer de compenser pour mon inexpérience, ce n’est pas l’objet de mon propos. Éventuellement, j’ai frappé mon mur et mon corps m’a lâché, mes années d’abus m’ont rattrapé et m’ont dépassé en m’écrasant au passage. J’ai perdu cet emploi en politique parce que, essentiellement, je ne pouvais plus suivre physiquement, trop malade, trop épuisé, trop gros et j’ai coulé vers le fond. Quelques mois plus tard, j’étais chez-moi, au bout du rouleau, épuisé, découragé et avec un horizon bouché: j’allais mourir, c’était très clair.
Mais il y avait quand même une lueur vague sur cet horizon, un phare, la confiance que, peut-être, j’étais capable de faire quelque chose. J’étais au fond du trou, en pleine déchéance, mais je n’avais pas garder que l’épuisement de mes premières années en politique, j’avais aussi développé un peu de confiance parce que mon patron m’en avait démontré en me laissant piloter des dossiers importants. J’ai bâti sur cette étincelle de confiance et je peu dire sincèrement aujourd’hui, que même s’il ne le sait pas, Paul Bégin fait partie des gens qui m’ont donné les outils pour sauver ma vie.
On ne peut transmettre la confiance à quelqu’un, on ne peut que lui en démontré et lui laisser les conditions pour qu’il la développe lui-même ou elle même. Ce n’est pas parce que j’ai confiance en une personne qu’elle aura confiance en elle, mais si je lui en démontre, si je le dis, je lui laisse une chance de bâtir sa propre confiance et réaliser de grandes choses. C’est parce qu’un jour un ministre parfois un peu bougon m’a envoyé représenté le Québec dans une conférence fédérale-provinciale que j’ai par la suite grimpé des montagnes, que je suis passé des rencontres au sommet, aux sommets tout court.
De cette époque, je suis resté quelqu’un qui dit énormément sa confiance en l’autre, au risque de parfois être très fatiquant. Mes amis vous le dirons, quand j’aime et j’apprécie quelqu’un, je le dis haut, fort et souvent. Mais pour moi c’est important, il ne sert à rien d’avoir confiance en quelqu’un si on ne le démontre pas, si on ne le dit pas. Parce qu’un jour on m’a offert un peu de confiance, j’ai pu développer la mienne et m’ouvrir de nouveaux horizons, faire des choses que je n’aurais jamais cru possible. C’est le plus beau des cadeaux que je n’ai jamais reçu.

2 commentaires:

Grande-Dame a dit…

Mon commentaire a été gobé par le spectre de la blogosphère...pfft !

Résumons: "J'aime".

Anonyme a dit…

Vous n'écrivez plus? Dommage, j'aimais bien vous lire.

Mammouth