jeudi 6 décembre 2007

Oublier

Pourquoi ne pas oublier? Hier soir au Yulblog on m’a posé cette question : mon obésité est du passé, pourquoi ne pas en faire véritablement du passé et passé, justement, à autre chose? La question se pose en effet. N’y a-t-il pas quelque chose de malsain dans le fait de continuer à en parler et à me définir comme un ex-obèse?

La réponse est très clair pour moi et je vais essayer d’y répondre le plus clairement possible : non. En effet, l’obésité n’est pas un accident ou quelque chose qui vous arrive par la volonté de quelqu’un d’autre ou un malheur fortuit, c’est un malheur que l’on se construit soi-même et sur lequel on possède, malgré ce que l’on peut essayer de se faire croire, une prise certaine. Comprendre son obésité, l’apprivoiser, la maîtrisé et la placer dans une perspective de vie font partie des apprentissages que chacun fait dans sa vie et on ne fait pas un apprentissage pour l’oublier par la suite.

De plus, j’ai passé près de 25 ans comme obèse, oscillant entre le rondouillet et le phénomène de cirque, c’est un peu ma culture, comme je l’ai déjà écrit, je viens de l’obésité comme d’autre viennent d’un pays, j’ai beau m’avoir bien intégré à ma communauté d’accueil des plus ou moins maigres, je reste formé à la dure école de l’adiposité abondante. J’y ai appris des enseignements précieux, j’y ai acquis, par la force des choses, des qualités importantes qui ont fait de moi quelqu’un de meilleur. J’y ai aussi acquis l’intime conviction que j’y ai appris aussi plein de choses totalement inutiles que l’on ne devrait pas avoir à apprendre, donc que je me dois à moi-même d’épargner à d’autres de passer par là ou d’aider ceux qui y sont, de changer les choses.

Il y a aussi le fait de savourer la vie au maximum. J’ai eu l’immense privilège de connaître la déchéance physique, l’incapacité de se déplacer, d’être handicapé physiquement et socialement et , contrairement à d’autres handicaps, de pouvoir y changer quelque chose. Chacune de mes randonnées est un moment de bonheur arraché à la force de mes mollets, chacun de mes sommets est une victoire sur une fin que j’ai déjà connue. Chacun de mes jours ne m’éloigne pas de ma mort, il m’en ramène.

1 commentaire:

Mazz a dit…

Ça c'est de la dernière phrase!!!