jeudi 9 août 2007

Du succès et de l'échec

Qu'est-ce que la réussite et qu'est-ce que l'échec?

La question a l'air peut-être un peu simpliste, mais elle a son importance.


Vous me direz : « Réussir c’est atteindre ses objectifs » et vous aurez raison, mais moi je vous dirai qu’il y a peut-être d’autres formes de succès.

À peu près tout le monde dans sa vie, un jour ou l'autre, a tenté ou tentera de perdre du poids. Parfois que quelques kilos, parfois plus... et la plupart échouerons à atteindre le poids ciblé ou à le conservé une fois atteint et plusieurs se décourageront de ce fait.

Un des phénomènes intéressants à constater (mais beaucoup moins à vivre) du surplus de poids c’est que plus on échoue, plus on se décourage et moins on essaye, les tentatives de maigrir deviennent alors de plus en plus espacées et de moins en moins intenses. On s’apprend à soi-même que l’on est incapable de réussir à maigrir ou à maintenir son poids, on développe alors une quasi-certitude dans sa propre incapacité à perdre du poids de façon durable.

C’est aussi un cercle particulièrement vicieux : moins on essaye, moins on fait attention, plus on engraisse et plus l’objectif nous parait difficile à atteindre. De plus, notre perception de faiblesse de nous-même se reflète de plus en plus dans notre physique, ce matin nous sommes plus gros qu’hier, mais rendus où on est de toute façon ça ne change plus grand-chose et la pensée que demain matin ce sera pire encore ne nous atteint plus… et c’est comme ça que, tranquillement, quasi patiemment et avec application on se rend à près de 200 kg, mais pas besoin d’essayer je vous en prie, fiez-vous sur moi, c’est comme ça que ça arrive.

Dans ce contexte, c’est quoi réussir alors? Et c’est quoi échouer? Est-ce que je peux me donner comme objectif de maigrir de 100 kg? Alors que je me sens dans l’impossibilité d’en perdre un seul? Non, ma réussite ne peut résider là-dedans, comme mon échec ne sera pas de ne pas maigrir de 100 kg. Mon échec réside dans mon inaction pour mettre fin au cercle vicieux, chaque moment qui passe où je ne suis pas bien avec mon obésité et où je ne fais rien pour y changer quelque chose est un échec. Ma réussite alors? Elle commence à l’instant précis où je pose un geste pour changer les choses, où je tente de changer les choses.


Un jour je me suis levé pour aller marcher, à cet instant précis j’étais un gagnant car j’allais à l’encontre de ma propre idée préconçue que je ne pouvais pas réussir. Il y a des avantages parfois à avoir une opinion merdique de soi-même : on fini par ne plus vraiment faire confiance à ses propres doutes sur soi;). À chaque pas que je fais, dans chaque essoufflement parce que je cours, je roule, je grimpe depuis, je réussis. Ma réussite n’est pas d’avoir perdu près de 100 kg, d’ailleurs je ne les ai pas perdu, je sais parfaitement où est allé chacun de ces kilos, mais dans chaque moment que j’ai consacré à changer les choses. Aujourd’hui, plus de 8 ans après, j’ai réussi et demain matin, je réussirai et si demain j’échoue parce que je suis paresseux, gourmand ou autre, la vie sera généreuse et m’offrira une autre journée après pour réussir de nouveau.


Perdre du poids et se mettre en forme c’est comme le Boléro de Ravel que j’écoute en ce moment : un thème inlassable qui commence très discrètement, on est même pas certain qu’il est là, on le perçoit à peine, puis, le thème revient, plus fort et ainsi, de plus en plus fort en crescendo, toujours le même thème, jusqu'à l’apothéose!

Seigneur, j’écris comme un preacher! Mais au fond, retenez ceci : ne vous donnez pas d’objectif précis en terme de perte de poids, votre première responsabilité si vous n’êtes pas bien dans votre peau est d’essayer d’y changer quelque chose, et essayer, c’est déjà réussir.

Alors aujourd’hui aller marcher une petite demie heure, rouler quelques kilomètres en vélo. Aujourd’hui, aprenez à réussir.

2 commentaires:

Mazz a dit…

Inspirant billet François.

Réussir est défini comme avoir une heureuse issue, un bon résultat. Le problème est que souvent, nos objectifs ne sont pas en ligne avec la réussite. Je reviens à cette expédition que tu as organisé à l'Aconcagua. L'objectif était d'atteindre le sommet, mais la réussite résidait ailleurs: dans le film que tu as fait, dans les fonds que tu as amassés pour la FMCQ, dans des amitiés qui se sont nouées et dénouées pendant l'organisation, sur les pentes et après, dans l'expérience de vie que tu possèdes désormais, etc. Réussite et objectifs sont, en tout cas pour moi, souvent différents.

Alors je souscris entièrement à ton conseil de conclusion: ne vous donnez pas d’objectif précis en terme de perte de poids (ou autre), ce n'est pas nécessairement là qu'est la réussite.

- Mazzaroth

Daniel Paillé a dit…

Oui, comme Mazz je dirai; beau billet, j'en retiens la détermination.
L'attitude également, pour ma part, le mot ''échec'' signifi le jeu que mon plus jeune aime bien jouer avec deux rois, deux reines, des fous, des cavaliers, des tours et une bonne gang de pions. Je n'en connais pas d'autres, je connais par-contre le mot ''épreuve'' qui sans doute fait paraître les échecs autrement.
Bize