vendredi 3 août 2007

L'obésité contgieuse (2)

Une suite à mon entrée d'il y a quelques jours sur l'étude publiée dans le NEJM. Aujour'hui le Devoir publie une opinion très intéressante d'un anthropologue sur la question ( http://www.ledevoir.com/2007/08/03/152236.html) qui s'exprime sur le surplus de poids comme modèle physique favorisant l'acceptation chez les autochtones.

Laissez-moi vous raconter une petite anecdote de ma jeunesse.

À mon adolescence j'étais un ado obèse, mais j'avais de la drive pour beaucoup de choses, j'osais, malgré mon poids, tenter de nouvelles choses. Par exemple, je m'étais bien juré, malgré mes 300 livres de l'époque, d'aller à mon bal des finissants avec la plus belle fille de l'école et, effectivement, c'est en très charmante compagnie (non mais vraiment très charmante, où que tu soit maintenant Esther, je te salut bien bas;)) que j'ai passé ce bal. J'étais donc capable, malgré ma condition et le malaise qui venait avec, d'agir.

Cependant, à 19 ans, il ya donc un petit long bout de temps, je suis parti pour passer quelques mois en Afrique de l'ouest. Là ce fut le choc, car, dans ces milieux très durs et très pauvres ou l'espérance de vie ne dépassait pas 35 ans et où la minceur extrême n'est pas un choix mais l'alternative santé au squeletisme de la famine, le surplus de poids est le symbole suprême de l'équillibre, de la réussite et d'un idéal physique pour eux inateignable. Bref, j'étais immensément populaire et j'étais devennu le fantasme de ces dames. Quand on a passé sa jeunesse à se sentir rejetté, c'est tout un changement!

Malheureusement j'en suis revennu avec la conviction que ce n'étais pas moi qui avait un problème de poids, mais que c'était ma société qui avait un problème avec mon poids, que c'était les autres qui étaient responsables de mon malheur et, pour les 10 années suivantes je me suis pogné le beigne (un beigne en pleine expansion) en me morfondant sur le l'injustice de notre société. Je n'étais plus le gros qui essayait, j'étais devennu véritablement amorphe face à la vie.

Tout ça pour dire qu'effectivement un aspect particulièrement important de notre prise de conscience de notre problème de poids est le reflet que notre société et notre milieu nous renvoit, bien avant les effets sur la santé. Je suis encore particulièrement convaincue que ce qui m'a sauvé la vie est le fait que je ne me suis jamais senti à ma place et "confortable" dans mon milieu comme obèse.

C'est selon-moi un des dangers de l'approche des "gants blancs" avec les obèses maintenant. Cette volonté de ne pas choquer, de ne pas bleser ni culpabiliser à tout prix m'inquiète. Mais de déresponsabiliser l'obèse en mettant la responsabilité sur les fast-foods, la publicité ou tout autre cause externe n'aidera aucunement les obèses: le jour où on se rend compte que l'on est gros, ce n'est pas l'industrie qui va maigrir pour vous. Être obèse n'est pas normal et le premier responsable est l'obèse lui-même car il sera celui qui pourra changer les choses.


Mais c'est assez pour aujourd'hui, allez hop, une petite marche ça vous fera du bien.

Bonne journée

2 commentaires:

unautreprof a dit…

L'histoire des gants blancs et du politiquement correct est probablement dû au fait qu'on se dit qu'un obèse qu'on accepte comme il est sera mieux dans peau et sera plus en mesure de bien maigrir, pour les bonnes raisons.
Suite à une discussion avec toi, j'ai trouvé intéressant l'aspect inverse, celui de d'abord maigrir pour ensuite, libéré de l'excédant de poids, devoir faire le point avec soi-même et travailler sur les vraies affaires, sur le vrai problème.

François a dit…

Salut unautreprof!

Moi je ne vois pas de problème à accepter et à encourager quelqu'un à s'accepter avec quelques kilos en trop. Mon problème est surtout avec l'obésité morbide (de plus en plus fréquente)qui est une condition qui tue et trop souvent une méchante bonne excuse pour
ne rien entreprendre.

Bien que ce qui a fonctionné pour moi n'est pas nécessairement valable pour tous, c'est vrai.